
Davina Michel
Découvrez le parcours de Davina Michel, multiple championne de France de boxe anglaise chez les moins de 75kg et en formation pour intégrer la Sûreté ferroviaire à la SNCF.
Davina Michel #AthlètesSNCF
Sa carrière
Après l’ouragan, les rings
25 ans et déjà plus d'une vie. Davina Michel, première boxeuse française à être qualifiée pour des JO en moins de 75 kg, incarne les valeurs de résilience et de combat inhérentes à son sport. Sa rencontre avec le noble art, c'est au ciel qu'elle le doit, ou plutôt à ses caprices. En 2007, l'ouragan Dean s'abat sur la Martinique et emporte avec lui le dojo où elle pratique le karaté avec son père. « J'ai commencé le karaté à 7 ans avec mon père qui le pratiquait à haut niveau. Après la destruction du dojo, il s'est tourné vers le kickboxing et je l'ai suivi », se remémore-t-elle.
L’éclosion d’un talent
Pour peaufiner sa technique, l'adolescente de 14 ans monte sur les rings de boxe anglaise au Ring stars club de Duclos. Rapidement repérée, elle effectue ses premiers combats en métropole, en 2012. L'année suivante va être celle de l'éclosion d'un talent à l'état brut : « Je deviens championne de France cadet chez les moins de 66kg, l'équipe de France me sélectionne alors pour les jeux de l'Union européenne que je remporte en moins de 70 kg avant de faire vice-championne du monde juniors dans la même catégorie », détaille la boxeuse.
Ascension fulgurante
Après ces succès fulgurants, l'équipe de France souhaite que Davina participe aux Jeux olympiques de la jeunesse, en 2013. Entre-temps, la boxeuse a rejoint le club fondé par son père, Tchok Matinik. Bientôt, son ascension fait naître une question : faut-il rejoindre l'INSEP, « la fabrique à champions » du sport tricolore, et donc la métropole, pour aller plus haut, plus loin ? Davina rejoint l’internat du 12e arrondissement de la capitale en septembre 2014.
Spleen métropolitain
À plus de 6 500 km de sa famille, l’adolescente craque : « Tout s’est enchaîné très vite pour moi. Une fois à l’INSEP, le dépaysement, la culture de la métropole et le fait que je me retrouve seule là-bas quand les autres pouvaient rejoindre leurs familles… Ça a été une période très compliquée. » « Mentalement, je n’étais pas prête, concède Davina, et d’ajouter : du côté de l’INSEP sans doute pas non plus, jamais il n’y avait eu à l'internat de boxeur ultra-marin aussi jeune à intégrer ». Deux ans et une dépression plus tard, c’est décidé : pourtant vice-championne de France élites chez les moins de 75 kg, Davina raccroche les gants pour rentrer à la Martinique.
Un gala de boxe pas si anodin…
Son réconfort, c’est auprès des siens qu’elle le trouve, jusqu’à la révélation, ce jour d’avril 2018 quand son père organise un gala au Tchok Matinik avec un invité particulier : Emmanuel Dos Santos, l’entraîneur du club de boxe de Garges-lès-Gonesse dont Davina était proche des licenciées durant son passage à l’INSEP. Sans doute avec une idée derrière la tête, le coach propose à Davina de remettre un peu les gants, histoire de voir… La boxeuse se souvient : « Il me dit : “tu n’as rien perdu de ton talent, viens avec moi t’entraîner à Garges, je te trouverai un boulot, un logement et tu feras les JO”. Très vite, ça m’a motivée ».
« On a besoin de quelqu'un qui croit en nous »
Sans même attendre les résultats du baccalauréat qu’elle vient de passer, Davina décolle de nouveau pour la métropole à l’été 2018, plus mature, rompue aux sacrifices du haut niveau, mieux entourée et sûre de sa force. Résultat : elle perd 30 kilos en six mois, réintègre l’équipe de France et devient championne de France Élites chez les moins de 75 kg au début de l’année 2019. Une performance qu’elle réitère en 2020 et 2021. « Remonter sur le ring, ressentir cette sensation de victoire, l’effort, l’odeur de la salle… C’était viscéralement en moi », détaille la native de Fort-de-France. « Parfois, poursuit-elle, on a juste besoin de quelqu’un qui croit en nous et nous dit : “tu peux le faire”. »
À Garges, un nouveau cocon
Au boxing club de Garges, elle trouve un cocon, une véritable seconde famille avec laquelle Davina passe les fêtes de fin d’année quand elle ne peut pas rentrer aux Antilles. Son nouveau quotidien s’articule autour de la boxe et le poste d’assistante dentaire que la sportive occupe en parallèle de sa carrière sur les rings. « Avec tous les stages et les compétitions, c’est devenu très difficile pour moi de pouvoir mener les deux de front. Même si le club a fait beaucoup d’effort, ça n’était pas pérenne sur le plan professionnel et je ne faisais pas suffisamment de jours au cabinet dentaire pour toucher mon salaire intégralement », explique Davina Michel. Sa médaille de bronze acquise aux Championnats du monde d’Istanbul change la donne à l’été 2022.
La découverte du Dispositif Athlètes SNCF
La Fédération française de boxe met alors Davina en relation avec la SNCF et son dispositif d’accompagnement des sportifs de haut niveau. « Les métiers de la Sûreté ferroviaire m’avaient tapé dans l’œil depuis un moment », indique la boxeuse séduite par la perspective de « travailler en équipe, de veiller à la sécurité des gens et d’apporter (son) expérience et (son) self control de pratiquante de sport de combat ». Après une série d’entretiens, de tests psychotechniques et physiques, Davina Michel intègre la SNCF le 19 janvier 2023. Depuis, la boxeuse se forme à son métier d’agente de Sûreté ferroviaire, en marge de ses deux entraînements par jour.
« P***, pourquoi je n’ai pas choisi la danse ! »
« Tout est dur dans la boxe, confesse-t-elle, chaque erreur que tu commets se paye cash sur le ring, il faut une discipline, une rigueur pour donner le maximum durant les trois rounds de trois minutes sur le ring ». Musculation, technique, tactique, sparring, travail en fractionné sur piste… Davina donne tout à son sport. « Parfois, je me dis : “qu’est-ce que je fous là ? P*** pourquoi je n'ai pas choisi la danse !”», lâche-t-elle en riant. Les sacrifices payent, en juin 2023, aux Jeux européens de Cracovie, la licenciée du club de Garges-lès-Gonesses, pourtant victime d’un malaise une semaine avant, décroche son ticket pour les Jeux olympiques de Paris 2024, en battant l’allemande Schoenberger en demi-finales.
1ʳᵉ Française à participer aux JO en -75kg
Première femme de l’histoire de la boxe tricolore à participer à des JO dans les moins de 75 kg, Davina voit maintenant plus grand, car, comme elle l’explique : « quand on fait un sport aussi dur, on a besoin de toucher les étoiles, c’est-à-dire l’or ou une médaille olympique, qui serait un accomplissement personnel, parce que la boxe a fait de moi la sportive mais également la femme que je suis aujourd’hui ».
Son palmarès
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