
Ken Vuagnoux
Découvrez le parcours du snowboardeur Ken Vuagnoux, multiple champion de France et correspondant nouvelle relation client chez SNCF Voyageurs dans la région PACA.
Sa carrière
De la maison familiale à Beaulieu-sur-mer (« à 100 mètres de l’eau ») à l’appartement loué « pour la saison » au Seignus. Des rives de la Méditerranée au Val d’Allos, trois bonnes heures de voiture aller-retour et ça, chaque semaine. Un va-et-vient familial qui remonte à la prime enfance pour Ken Vuagnoux et dont la réminiscence n’est que « rires et plaisir d’être ensemble ». Ces échappées belles ont pour origine une obsession paternelle, celle de la glisse avec poudreuse. « Mon père, c’est bien simple, il n’attend qu’une chose en hiver, le snowboard et l’été, la pêche ».
Première glisse à 2 ans
Un enthousiasme manifestement communicatif puisqu’à l’instar de son grand frère, Ken Vuagnoux sait à peine mettre un pied devant l’autre qu’il est déjà sur une planche. Le caméscope familial en garde quelques chouettes souvenirs. « Je dois avoir un peu plus de deux ans, des moon boots fixés par des grosses sangles sur un snowboard bien trop grand pour moi », se remémore-t-il rieur. À la fin des années 1990, les écoles de ski pour apprendre le surf des neiges sont rares, donc c’est avec son père et parfois avec son oncle – moniteur de ski dans la région – qu’il apprend à glisser. Il y a pire comme atavisme familial…
« Sans ce drame, je ne serai pas là »
Le plaisir de la glisse va pourtant connaître un sévère coup de frein. Ken perd brutalement son oncle à un âge où les grandes personnes ne sont pas censées mourir. Après ça, retourner dans la vallée n’est plus imaginable pour sa famille, le chemin est trop douloureux. « En fait, sans ce drame, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui, je n’aurais probablement jamais fait de compétition ». Rompant un temps avec les week-ends à la montagne, ses parents décident néanmoins de l’inscrire dans un club afin que Ken, lui, puisse continuer à en profiter. Il a 11 ans et si désormais, il ne fait pas autant de surf qu’auparavant, au moins garde-t-il le contact avec la poudreuse. « J’y allais environ toutes les 2 semaines, on s’entraînait le samedi, c’était un club de half-pipe à la Colmiane. » Le hic, c’est que les acrobaties n’ont pas l’attrait de la vitesse.
La vitesse plutôt que les acrobaties
Dès lors, quand il tombe sur une affichette au club évoquant une compétition de snowboard cross, ces courses effrénées pleines de bosses et de virages serrés, le jeune amateur de glisse n’hésite pas un instant. « C’était une course de rien du tout mais j’ai fini premier de ma catégorie et cela a déclenché un truc en moi ». À partir de ce moment-là, et grâce au soutien de ses parents toujours prêts à le trimballer de montagne en montagne, Ken Vuagnoux écume toutes les courses régionales. Des kilomètres et des kilomètres en voiture qui finissent par le conduire, deux ans plus tard, aux portes d’un vrai club de snowboard cross : le « Back to back » d’Isola 2000. Il n’en est jamais parti.
« Je n’ai rien compris, j’ai gagné la compétition »
Là-bas, du fait de l’éloignement, l’entraînement n’a rien d’intensif, environ deux fois par mois et un peu plus pendant les vacances. Suffisant cependant pour participer à ses premiers championnats de France, en 2010, à Chamonix. « Là-bas, je n’ai rien compris, une folie, je gagne la compétition en dernière année de minimes ». La vie de Ken Vuagnoux vient de basculer. Luc Faye, directeur technique national du snowboard à la Fédération française de ski, ne snobe pas la surprise du jour. Et sa course à peine terminée, lui propose de s’engager dans un cycle sport-études afin d'intégrer le pôle espoirs, antichambre de l’équipe de France. Une invitation synonyme d’internat. « C’était vraiment dur au début, être aussi loin de chez moi, l’apprentissage du sport de haut niveau, concède encore Ken Vuagnoux. Le snowboard, c’était que du plaisir jusque-là mais d’un seul coup, ça fait mal, ça pique, on en bave ».
« La force tranquille »
Celui qui n’avait jamais envisagé de devenir un athlète (« J’étais celui qui avait le moins de physique »), qui ne s’était jamais préparé pour, s’accroche pour autant. Sur les sept jeunes de sa génération inscrits au pôle Espoirs, il est le seul à faire encore de la compétition. Le plaisir intact de la glisse, la vie de groupe et « les nombreuses conneries que l’on peut faire en internat » sont ses principaux moteurs. « J’ai pris tout ce qu’il y avait de bon, malgré les difficultés ». Les difficultés, ce sont notamment ces retours de compét’, dans le car, en tête à tête avec le coach. « À cette époque, j’étais moyen, je ne faisais jamais de super résultats et lui ne cessait de me dire que je manquais de niaque à l'entraînement. » Des moments « pénibles » qui vont pourtant finir par payer. « On m’appelait “la force tranquille” pour me faire comprendre que j’étais nonchalant, je ne donnais jamais l’impression de vouloir gagner. »
L’apprentissage du très haut niveau
L’histoire aurait pu s’arrêter là, comme souvent dans le sport du haut niveau. La destinée de Ken Vuagnoux aurait pu être celle de l’éternel espoir n’ayant jamais confirmé. Sauf qu’encore fois, une seule compétition suffit à tout changer. Mars 2013, championnats de France à Isola 2000, Ken Vuagnoux accroche, contre toute attente, la 3e place, juste derrière le médaillé olympique Paul-Henri De Le Rue. « Sans ce podium, je serais resté aux yeux de beaucoup ce mec gentil sans grandes ambitions, les portes de l’équipe de France ne m’auraient jamais été ouvertes. » La performance lui permet ainsi d’intégrer le circuit européen, le très haut niveau. L’apprentissage en dehors des frontières nationales se fait sans grand éclat mais lui permet, tout de même, de se qualifier de justesse pour le championnat du monde juniors de 2014. La suite ? On commence à la connaître. Ken Vuagnoux est toujours là au bon moment : un nouveau podium, une nouvelle 3e place à Valmalenco en Italie.
Une expérience olympique
« La fédé était super contente car cela faisait 7 ou 8 ans qu’aucun Français n’avait fait de podium chez les juniors ». Le fait est que cette performance marque un « avant et un après » dans l’esprit de Ken Vuagnoux. « Pendant pas mal de temps, je me suis demandé ce que je faisais là, si je méritais vraiment ma place. Après cette course, ce ne fut plus le cas, je me sentais enfin légitime ». À partir de là, tout s’enchaîne. Le snowboarder d’Isola 2000 participe, dès l’année suivante, aux épreuves de Coupe du monde, y décroche déjà une 8e place pleine de promesses, gagne ensuite une épreuve en Coupe d’Europe et finit par se qualifier in extremis pour les JO de Pyeongchang. Direction la Corée du sud en 2018, où, de son propre aveu, « il n’est pas vraiment dedans ». « J’étais tellement content d’y être que j’en ai presque oublié la compétition ». L’aventure s’arrête donc sur un quart de finale décevant.
Une plongée dans le grand bain
Depuis, l’athlète a mûri, deux grosses blessures à la cheville en 2019 et début 2020 ont éprouvé son caractère et renforcé ses ambitions. Son arrivée dans le Dispositif Athlètes SNCF l’atteste. Malgré son jeune âge, Ken Vuagnoux sait qu’il n’a plus de temps à perdre et entend bien mettre toutes les chances de son côté. Dans cette optique, entrer à la SNCF lui paraissait donc une étape essentielle, à l’instar de ses glorieux aînés : Paul-Henri De Le Rue et Tony Ramoin, tous deux médaillés olympiques, tous deux passés par le dispositif. Ken signe sa Convention d’Insertion Professionnelle (CIP) fin juillet 2020.
« La SNCF, c’est une plongée dans le grand bain »
Son poste ? Correspondant relation clients en appui de son dirigeant sur un secteur étendu de Nice à Toulon. Dit autrement ? « Je dois faire en sorte que ça se passe aux mieux dans les gares », traduit-il. Avant de reconnaître que « ce boulot de supervision est une vraie plongée dans le grand bain, une première expérience professionnelle qui peut paraître au premier abord intimidante. » Raison pour laquelle Ken Vuagnoux se considère « encore en apprentissage » au sein d’une équipe qu’il juge « très protectrice et solidaire » envers lui. Équipe qu’il a bien l’intention, d’ailleurs, d’emmener un jour prochain sur les pistes pour un week-end d'initiation.
Expertise et savoir-faire
Ce qui lui plaît, en attendant, lors de ses premiers mois ? « La polyvalence de chacun, on n’est pas dans le taylorisme ici, ça bouge tellement, j’apprends des nouvelles choses tout le temps. » Un bouillonnement qui lui permet de ne pas ressentir de chute d'adrénaline quand il passe de l’entraînement au bureau, et vice-versa. Il en tire d’ailleurs déjà un premier enseignement, une première conviction. « Comme beaucoup, j’étais le premier à râler si mon train avait du retard. Mais désormais, je me rends compte de la complexité du travail de cheminot et du savoir-faire exigé. Alors aujourd’hui, plus on attaque cette boîte, plus je trouve ça injuste et j’ai envie de la défendre. »
Son palmarès
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