
Loïc Samen
Découvrez le parcours du lutteur Loïc Samen, champion de France en lutte gréco-romaine chez les moins de 97 kg et Agent commercial polyvalent en gare de Paris - Saint-Lazare.
« La confiance des autres me donne des ailes »
Sa carrière
Du Cameroun à la Normandie
Lutter, Loïc Samen n’a pas attendu de pousser les portes du Stade Sottevillais Cheminot Club (SSCC) pour le faire. Bien avant de faire tomber ses adversaires, en lutte gréco-romaine dans le club normand, notre Agent commercial polyvalent à la boutique de la gare Saint-Lazare, à Paris, a dû, déjà, en vouloir plus que les autres pour apprendre à marcher. « Je suis né avec des malformations aux pieds », confie le natif de Yaoundé. Opéré une première fois au Cameroun, Loïc quitte son pays natal, à 2 ans, pour rejoindre une tante, à Barcelone, et rencontrer des chirurgiens espagnols. Deux interventions plus tard, mère et fils, arrivent en Normandie afin que le jeune garçon de 4 ans puisse se faire opérer une dernière fois et marcher.
Un gamin « au tempérament de feu »
« Le doc’ a dit à ma mère que c’était important pour mon développement de pratiquer une activité sportive régulière ». Déjà doté de qualités physiques intrinsèques hors normes, Loïc s’essaye au judo, sans grande conviction, puis, enchaîne un temps les longueurs dans la piscine du complexe sportif de Sotteville. Enfant au tempérament de feu, Loïc « répond aux moqueries sur (ses) pieds par la bagarre », un moyen de se protéger.
« Le type est plus léger et me jette en l’air »
À l’autre bout du complexe, Gary Bouvet, coach de lutte, repère vite ce gamin qui ne se laisse pas faire. « Il me trouvait assez physique, se souvient Loïc, et me proposait régulièrement de venir faire un essai. Je refusais. Un jour, il m’a piqué en me disant : “je sais que tu ne viendras jamais”. J’y suis allé ». Loïc a 11 ans : « Gary me met face à un gars plus léger que moi et me dit : “essaye de le faire tomber”. Je n’ai jamais réussi, Ça m’a intrigué, le type est plus léger et me jette en l’air. J’étais fasciné par la façon dont il utilisait sa force, sa souplesse… », se remémore Loïc Samen.
Une famille de « warriors »
Loïc revient chaque semaine. Conscients du potentiel de l’enfant, Gary Bouvet et Christophe Delamare, co-responsables de la section lutte du SSCC, prennent en charge la licence du jeune Loïc, dont la mère, ancienne karatéka et auxiliaire de vie, s'occupe seule ainsi que de ses deux frères. « Elle nous appelle ses petits “warriors” », sourit Loïc. « Quand gamin, tu la vois se lever tous les jours, pour aller bosser, nous lever pour aller à l'école…. Ça force le respect. Elle m’a appris à aimer ce qui est dur, parce que ça te fait progresser », confie-t-il.
Promesses et spécialisation en « gréco »
Moins de trois ans après ses débuts au SSCC, Loïc est champion de France de lutte libre et gréco-romaine dans sa catégorie d’âge. Des performances qui n’échappent pas à l’encadrement de la lutte tricolore. À 13 ans, le combattant quitte sa Normandie pour la Bourgogne et le pôle lutte du Centre de Ressources d'Expertise et de Performance Sportive (CREPS) de Dijon. L’adolescent y est entraîné par une légende de son sport : Steeve Guénot, champion olympique aux JO de Pékin 2008 en lutte gréco-romaine chez les moins de 66 kg. Guénot accompagne Loïc dans sa spécialisation en gréco-romaine. Dans cette discipline, à la différence de la lutte libre, seules les prises au-dessus de la ceinture sont autorisées pour faire tomber son adversaire. « Ce genre de confrontation m’a tout de suite plu, et correspond bien à mon type de physique endurant et fort sur le haut du corps », explique Loïc Samen. « Pour moi, ajoute-t-il, la gréco (romaine), c’est à la lutte ce que l’anglaise est à la boxe : le noble art ».
L’éclosion au niveau européen
Loïc enchaîne les entraînements, au CREPS, pour supporter l’intensité des matchs de lutte : 2 périodes de 3 minutes, des passages au sol, et 30 secondes de récupération entre chaque manche. À l’issue du match, le vainqueur est désigné soit en effectuant un « tombé », en mettant les deux épaules de son adversaire au sol, soit par « supériorité technique » ou au nombre de points. En 2017, la spécialisation et le travail paient. Loïc confirme les espoirs placés en lui avec une 7e place aux championnats d’Europe Juniors. Une performance qui lui permet, en 2019, d’intégrer le saint des saints du sport français de haut niveau : l’INSEP.
La rencontre du « mentor »
Dans l’institut dédié à la performance, Loïc rencontre son « mentor », Mélonin Noumonvi, champion du monde de lutte gréco-romaine et trois participations aux Jeux Olympiques à son actif. « C’est une référence pour moi. On évolue dans la même catégorie quand j’arrive à l’INSEP. Pourtant, il ne m’a pas regardé en mode “Scarface” quand j’ai débarqué », plaisante Loïc. « Au contraire, poursuit-il, une émulation s’est instaurée : je me suis beaucoup inspiré de lui dans ma lutte, mes déplacements. Il m’a pris sous son aile et prodigué de précieux conseils, d’abord comme combattant, puis en tant que coach depuis l’arrêt de sa carrière ».
Le temps des titres… et des blessures
À l’INSEP, le programme hebdomadaire est le même : course à pied, montées de cordes, préparation physique générale, technique, lutte, matchs… Ces semaines intenses aboutissent, en 2020, à un titre de champion de France séniors pour Loïc Samen en moins de 97 kg. Un an avant les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 (décalés en 2021 en raison de la pandémie de Covid-19), Loïc peut légitimement prétendre à briller au tournoi de qualification olympique et décrocher son ticket pour le Japon. Mais une blessure au ménisque l’éloigne sept mois de l’entraînement et douche ses espoirs olympiques.
Hors des tapis, l’avenir s’écrit
Ambitieux, y compris loin des tapis, Loïc passe en parallèle de ses entraînements un BTS Management Commercial Opérationnel. « Les diplômes sont importants pour ma mère. Et, dans un sport comme le mien, penser à sa reconversion est primordial », détaille le champion. C’est en discutant avec un autre membre du Dispositif Athlètes SNCF, le triple sauteur et ami de Loïc, Harold Correa, que le lutteur se lance dans des démarches afin de signer une Convention d’insertion professionnelle avec le groupe ferroviaire.
« Bosser pour une boîte qui améliore les choses, oui ! »
« J’avais déjà été approché par différents corps de métier. Mais bosser pour la SNCF, ça a une importance particulière : parce que c’est un groupe dans lequel je sais que je pourrai évoluer grâce à la diversité des métiers qu’il propose et parce qu’il propose une alternative vertueuse aux autres modes de transport. Dit comme ça, c’est rien, mais aller bosser pour une boîte qui veut améliorer les choses, ça me parle », développe Loïc Samen, particulièrement sensible aux questions liées au changement climatique.
« La star » en gare Saint-Lazare
Arrivé en avril 2023 comme Agent commercial polyvalent à la boutique de la gare Saint-Lazare, l’athlète met à profit sa formation pour accueillir et guider au mieux les voyageurs, mais également manager l’unité commerciale, comme il l’indique : « on fait attention à ce que les files d’attente ne soient pas trop longues, la boutique jamais trop bondée… ». L’intégration de « la star », surnom dont l’ont affublé ses nouveaux collègues, s'est faite aussi rapidement que naturellement. « Je suis fier de bosser avec eux et de mettre mon énergie de sportif dans mon boulot, car, comme à l’entraînement quand tu viens c’est pour tout donner, sinon ça ne sert à rien », assène Loïc.
Une philosophie de vie que l’Athlète SNCF continue d’appliquer dans son sport, toujours en quête d’excellence, au service d’une ambition clairement affichée : « Clairement, tant que je n’aurai pas absolument tout donné pour devenir champion du monde et champion olympique, je ne lâcherai rien ! ».
Son palmarès
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