Nicolas Lejeune – Athlète SNCF

Nicolas Le Jeune

Découvrez le portrait du tireur en skeet olympique, Nicolas Le Jeune, médaillé de bronze aux championnats du monde et Agent de Sûreté ferroviaire à la gare de Bordeaux Saint-Jean. 

« Je peux vivre pour ma passion »

Sa carrière

Une passion naissante dans le Sud-Essonne

Abattre des séries de 25 plateaux d’argile propulsés à 120 km/h depuis deux cabanes séparées par 40 m de distance ? Un jeu d’enfant pour Nicolas Le Jeune. Adepte du skeet olympique, ou « tir de plateaux » en Français, notre Agent de Sûreté ferroviaire en gare de Bordeaux Saint-Jean, pratique le tir depuis son plus jeune âge et une enfance passée à Saint-Chéron. Dans cette commune de l’Essonne, tout au sud de l’Île-de-France, son père, Frédéric, et sa sœur, Marine, de trois ans son aînée, chassent et tirent au fusil. « Gamin, je les suivais et les regardais en attendant d’être assez grand pour pouvoir faire pareil », se remémore celui qui a épaulé son premier fusil à 12 ans, « avec un matériel spécialement adapté aux débutants pour supporter le recul de l’arme ».

Éric Delaunay, modèle et mentor

Les premières cartouches sont tirées au club d’Auneau, dans l’Eure-et-Loire voisine. Avec concentration et sang-froid, les mêmes qualités que Nicolas déploie dans son métier à la Sûreté ferroviaire, le jeune Essonnien devient rapidement une fine gâchette et prend sa licence, en Normandie, au Ball-trap club de Bréville-sur-Mer, où évolue un certain Éric Delaunay. L’adolescent rencontre celui qui est alors numéro un français du skeet, en 2013, à l’occasion d’une compétition. « Le voir a été comme une révélation, se souvient-il, je me suis pris à rêver de Jeux Olympiques, de médailles, plus qu’une source d’inspiration, Éric est rapidement devenu un mentor ».

« Le skeet, c’est 75% mental »

Inspiré par son modèle, Nicolas se façonne un solide palmarès chez les jeunes, remportant les compétitions départementales, régionales, avant de conquérir les titres de champion de France en cadets et en juniors. Éric Delaunay, avec qui l’athlète SNCF « se tire régulièrement la bourre pour la place de numéro 1 français qualificative aux Jeux Olympiques de Paris 2024 », livre au jeune tireur les secrets d’une discipline « où le mental pèse pour 75% du résultat final », explique Nicolas Le Jeune, qui poursuit : « En compétition internationale, tous les gars qui sont là sont capables d’abattre tous les plateaux envoyés en l’air. Quand on voit que parfois 123 plateaux abattus sur 125 ne suffisent pas à accéder en finale, on se dit que la fraîcheur mentale fait la différence ».

1000 cartouches tirées et 3 tonnes soulevées par entraînement

La tête d’abord et pourtant, les bras ne sont pas non plus à négliger, quand il s’agit d’épauler son fusil plusieurs centaines de fois d’affilée. « Au plus fort de ma préparation, je peux tirer jusqu’à 1000 cartouches par jour », précise Nicolas Le Jeune. Ce qui revient à soulever autant de fois un fusil de 3,4 kg, soit plus de 3 tonnes de masse à la fin d’un entraînement, « le tout en étant explosif, détaille-t-il, car entre le moment où un plateau d’argile sort d’une cabane et celui où il est abattu, il ne s’écoule que 0,6 seconde ». Une manœuvre à répéter jusqu’à 175 fois en compétition et, pour ajouter encore à la difficulté, depuis 8 postes de tir différents.

Le tournant du Creps à Bordeaux

Pour avoir la caisse nécessaire à la pratique de son sport, Nicolas, par ailleurs titulaire d’un BEP JEPS Activités de la forme, se concocte des séances quotidiennes de musculation, où l’athlète développe ses qualités de tonicité et d’explosivité. Depuis son arrivée au Centre de Ressources d'Expertise et de Performance Sportive (Creps) de Bordeaux, en septembre 2018. Au sein de l’établissement, il peut bénéficier de l’accompagnement d’un entraîneur national et d’un préparateur mental. « Avec lui, précise-t-il, j’apprends à gérer les phases de concentration extrêmes nécessaires à la performance en skeet, mais aussi les transitions avec les retours au calme et le débriefing des compétitions ». Cette structure a changé la carrière sportive du tireur, pour qui pratiquer le skeet devenait financièrement compliqué au fil des ans. « Ici, tous nos entraînements sont pris en charge par la fédération, notamment l’achat des cartouches qui s’avère particulièrement onéreux », indique l’athlète dont le quotidien est désormais tourné vers la performance avec un stand de tir situé à une quinzaine de minutes seulement de son domicile bordelais.

Une saison 2022 exceptionnelle, en équipes mixtes et individuel

Grâce à cette organisation, Nicolas Le Jeune se constitue progressivement un palmarès à l’international, d’abord par équipes mixtes aux côtés de Lucie Anastassiou avec laquelle il décroche une médaille de bronze aux championnats du monde 2022 d'Osijek (Croatie), ainsi que des podiums en Coupe du monde à Lonato et Changwon. Des résultats prometteurs en vue de l’introduction de cette discipline pour la première fois aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Le natif d’Étampes brille aussi en individuel. Point d’orgue de cette saison 2022 : une 2e place provisoire au classement mondial, avant d’achever l’année au 11e rang. Une performance notable à un si jeune âge en skeet.

La Sûreté ferroviaire ? Une évidence

Professionnellement parlant, le tireur de 25 ans a trouvé son équilibre après « des années de galère », en intégrant, au début de l’année 2023, le Dispositif Athlètes SNCF, comme agent de la Sûreté ferroviaire. « Je ne vis pas de mon sport, confesse Nicolas Le Jeune, un ami, qui bosse à la SNCF et connaissait ma situation compliquée, m’a parlé une première fois du Dispositif ». La perspective d’intégrer le groupe SNCF a tout de suite résonné chez le sportif, en quête d’un emploi dans le milieu de la sécurité et ancien usager quotidien des trains, comme il l’explique :  « J’ai passé un BTS Négociations et relations clients, entre mon lycée, à Dourdan, et l’entreprise qui m’employait en alternance à Courbevoie ». Ligne C jusqu’à Bibliothèque François-Mitterrand, métro 14, changement à Saint-Lazare pour la ligne Transilien L et chemin inverse au retour… Chaque jour, Nicolas Le Jeune passe alors 3h40 sur les rails. Des souvenirs précieux mais aussi amers : « j’ai assisté à quelques agressions et beaucoup d’incivilités m’ont révolté ». De quoi vouloir mettre son calme et sa gestion des moments de stress au service de la Sûreté ferroviaire.

« Je porte fièrement le logo SNCF sur mon gilet de tir »

Après avoir pris touche avec sa fédération et passé les différents entretiens d’embauche, l’athlète a suivi une formation aux métiers de la Suge avant de trouver sa place auprès des équipes de la gare de Bordeaux Saint-Jean. « Avoir cet emploi qui me correspond et ne plus penser, dormir, manger et rêver exclusivement tir me fait beaucoup de bien », confesse celui qui dit sa fierté « d’afficher en gros le logo de la SNCF sur (son) gilet de tir à chaque compétition pour porter haut les couleurs du Groupe et de la France ». Pourquoi pas jusqu’à Châteauroux, sur le site des épreuves de skeet des Jeux Olympiques de Paris 2024…

Son palmarès