Voyageur dans un TGV INOUI

Améliorer le confort acoustique des trains

Lecture, visionnage d’une vidéo, travail ou moment de détente… Parce que le confort du voyage de nos clients passe aussi par un environnement calme, nous mesurons la qualité sonore à bord des trains pour l’adapter en fonction de leurs activités et répondre au mieux à leurs besoins.

Avec le projet « Acceptabilité du confort acoustique à bord », nous innovons pour améliorer, toujours, la qualité des voyages de nos clients. Après deux ans de recherche, nous disposons d’outils pour mesurer la perception de la qualité sonore par le passager en fonction de ses besoins précis, et quel que soit l’espace à bord du train. Explications avec Guillaume Lemaitre, chef de projet à la Direction Technologies, Innovation & Projets Groupe de SNCF.

Comment nous veillons au confort acoustique de nos clients

Comment est né ce projet de recherche ?

Guillaume Lemaitre : L’un des avantages de voyager en train, par rapport à d’autres modes de transport réside dans le fait que le temps passé à bord est utile. Dans un train on peut travailler, se reposer, lire un livre… Encore faut-il que les conditions de confort acoustique le permettent. Voilà pourquoi SNCF Voyageurs et le Centre d’Ingénierie Matériel nous ont demandé de réaliser des études pour mieux comprendre l’effet du bruit à bord sur les activités des voyageurs et pour définir, à partir de cette base, les meilleurs niveaux sonores pour réaliser toutes ces activités.

Voyageuse en train de lire dans un INTERCITES

Que recouvre la « qualité sonore d'un train » ?

G.L. : Cette question était au cœur de notre projet. La manière traditionnelle d’aborder la problématique était de demander simplement à des voyageurs : « Écoutez ce bruit et dites-nous si vous le trouvez gênant ou pas ». Mais…Sommes-nous sûrs de savoir réellement à partir de quel moment un bruit commence à avoir un effet sur nous ? L'approche de notre projet est différente. Nous sommes partis du principe qu’un bruit est gênant quand il empêche un voyageur de réaliser une activité : lire, téléphoner, travailler, regarder une vidéo... Nous avons donc mesuré à partir de quel moment l’ambiance sonore commence à perturber les activités de nos clients.

Comment ?

G.L. : Nous avons réalisé une maquette à grandeur réelle d’un espace voyageur de TGV INOUI et placé des volontaires à l’intérieur de cette maquette en faisant varier les ambiances et les niveaux sonores. Il leur a été demandé de réaliser différentes activités pouvant avoir lieu lors d’un voyage en train comme lire un texte ou regarder une vidéo. On a ensuite mesuré objectivement leurs performances lors de ces activités. Cette expérimentation nous a permis d’établir des seuils sonores précis pour différents espaces à bord du train (salle voyageur, voiture bar, etc.) et différentes activités des voyageurs, représentatives de différentes offres commerciales.

Pouvez-vous nous en dire plus sur ces seuils ?

G.L. : Nous sommes capables de savoir quels niveaux sonores permettent de regarder une vidéo ou de lire un texte confortablement et à quel moment cela commence à avoir des effets sur nos capacités de compréhension ou notre efficacité à travailler. Nous avons également pu mieux comprendre l’impact du nombre de décibels sur la capacité à mener une conversation téléphonique en plateforme, ou des conversations de vive voix à sa place. Il nous sera plus aisé, maintenant, de déterminer les seuils sonores pour ces différents espaces et de travailler avec les constructeurs de nos trains sur les ambiances à bord. Il s’agit donc, plus globalement, d’augmenter la satisfaction de nos clients à bord des trains.

Jusqu’à présent, toute mesure était impossible ?

G.L. : Nous disposions de mesures acoustiques, mais nous ne disposions pas d’une telle finesse d’analyse de ces mesures. Jusqu'à présent, nous respections des seuils fournis par l'Union internationale des chemins de fer1 (UIC). Pour schématiser, on était dans une logique « sur la base de l’expérience, il ne faut pas plus que tant de décibels », mais on manquait d’arguments tangibles basés sur le ressenti des clients pour faire comprendre l’importance du respect de ces seuils.

À présent, on sait dire : « là il y a tant de décibels, les voyageurs arrivent à lire un livre. Si vous montez de 3 décibels, ils n’en seront plus capables ». Si un constructeur nous propose de dépasser un certain seuil, on peut donc choisir d’accepter ou non dans l’intérêt de nos voyageurs. Et puis, il y a la grande nouveauté de ce projet…

Laquelle ?

G.L. : C’est la mise en place de seuils d’acceptabilité précis construits sur la base des activités de nos voyageurs. Grâce à la base de données créée, nous sommes dorénavant capables de spécifier le confort acoustique en fonction des activités mais aussi en fonction de l’espace à bord du train dans lequel nos voyageurs se trouvent.

Comment cet outil peut-il être utilisé ?

G.L. : Le projet apporte de nouvelles valeurs et de nouvelles possibilités. Concrètement, ces résultats nous permettent déjà d’étudier comment nous pourrions proposer de nouvelles offres de service (par exemple : un espace travail, un espace téléphoniques etc.), en déterminant quelles valeurs seuil ne pas dépasser, et en étudiant quelles solutions techniques (nouveaux matériaux, etc.) pourraient nous permettre d’atteindre ces seuils. Disposer de cet outil est donc un atout à l’heure de l’ouverture à la concurrence.

Voyageur à bord d'un TER

Votre outil n’est dédié qu’aux seuls TGV ?

G.L. : C’est un outil qui peut être étendu à tous les matériels roulants : Transilien, comme les trains INTERCITÉS ou TER. D’ailleurs, le CIM2 l'utilise déjà pour travailler sur l’acoustique de trains régionaux Régio2N, AGC. Il pourrait également être utilisé pour d’autres moyens de transport ou, pourquoi pas, pour évaluer le confort de votre open-space !

De manière générale, comment diminuer le bruit ?

Il faut diminuer les sources de bruit et travailler sur la réduction de la propagation de la source par traitement passif (ajouter des matériaux isolants). Mais attention, cela signifie alourdir le matériel et donc générer plus de consommation et donc de coûts. Mais pour remédier à cela, des solutions innovantes commencent à émerger.

Lesquelles ?

L’utilisation de métamatériaux3, par exemple, qui ont un meilleur rendement poids/qualité acoustique, ou encore des solutions dites « actives », également à l’étude et qui sont basées sur l’utilisation de haut-parleurs venant annihiler le son gênant en créant un contre-bruit.