Vue aérienne d'un train Fret SNCF

Le projet Monitor, pour digitaliser le fret ferroviaire

Ce projet consiste à développer une technologie permettant de collecter des données d’un train pendant qu’il roule. Avec un objectif double : améliorer la compétitivité du fret ferroviaire par rapport à la route en augmentant le niveau de sécurité et de fiabilité, et diminuer la pénibilité des opérations ferroviaires en automatisant. 

Lancé en 2023, Monitor (Measuring Online Network Integrated Train Operations in Real-Time) équipe de capteurs des wagons de fret. Connectés à la tablette du conducteur via une liaison non filaire, ils vont permettre d’automatiser les opérations obligatoires avant le départ du train, et de surveiller celui-ci quand il roule. L’exploitation des données recueillies pendant les essais doit ensuite aboutir au développement d’algorithmes au service de la maintenance prédictive.

Un projet avec l’ADEME

Monitor est financé par le gouvernement dans le cadre de « France 2030 » opéré par l’ADEME. Il contribue à l'ambition inscrite par le gouvernement dans la Loi Climat de doubler la part modale du fret ferroviaire d’ici à 2030.

Nos objectifs

  • améliorer la sécurité des circulations en fiabilisant les données et en anticipant les éventuels dysfonctionnements
  • simplifier les gestes et rendre les métiers du fret ferroviaire plus attractifs
  • diminuer les coûts d'exploitation grâce à la maintenance prédictive

En savoir plus sur la maintenance prédictive

Aurélie Bigey, cheffe de projet chez RLE, nous répond

Comment Monitor améliore-t-il la sécurité ?

Ce système permet d’abord de surveiller les freins. Aujourd'hui, avant le départ, un agent vérifie obligatoirement « au pied » l’état des freins : il tape dans chaque semelle de freins, s’assure que ça serre, que ça desserre, et vide complètement l'air du train. Ce geste, l'essai de frein, est physiquement contraignant et long. En outre, comme cette opération doit être réalisée le plus tard possible, elle peut générer des retards car un défaut de frein peut repousser le départ du train.

Et avec les capteurs de Monitor ?

Il suffira à l’opérateur d’appuyer sur le bouton « essai de frein » sur sa tablette pour mesurer la performance de freinage avant le départ. Autre hypothèse : le train part, mais un frein se serre lors du départ. Avec le système actuel, le conducteur peut sentir la résistance sur un train comprenant 3 wagons, mais s'il y en a 40, c’est impossible. Grâce aux capteurs, on pourra aussi surveiller l’état des freins en continu. Pression et effort de freinage seront analysés grâce à ces capteurs, qui devront être adaptés aux différents systèmes de freins existants sur les wagons.

Les capteurs seront-ils installés ailleurs ?

Monitor surveille aussi les roues et les essieux. Les détecteurs de boîtes chaudes (DBC) de SNCF Réseau indiquent quand il y a un problème et qu'il faut arrêter le train. Mais ils sont parfois espacés de 100 km. Conséquence : si le train déraille au niveau de la queue, le conducteur ne le sent pas, et le train peut rouler sur plusieurs dizaines de mètres, arracher des voies, etc. Avec Monitor, dès qu’on détecte un comportement anormal, on arrête le train. Pour cela, on surveille la vibration des roues et on analyse leur comportement pour anticiper les défauts et les incidents.

En quoi la préparation des trains est-elle simplifiée ?

Avant le départ d’un train, il faut vérifier sa composition et son intégrité : quels sont les numéros de wagons qui le composent, dans quel ordre sont-ils, etc. Aujourd'hui, concrètement, un système informatique sort la liste des wagons, et un agent va sur le terrain pointer et confirmer leur présence et leur position. C’est une opération qui prend du temps et qui peut engendrer des erreurs. Alors qu'avec ce système de capteurs, on pourra vérifier tout cela automatiquement.

Un projet né grâce à l’Alliance 4F

L’Alliance 4F, réunit les acteurs du secteur du fret ferroviaire pour obtenir ensemble des avancées pour le développement du fret ferroviaire. Elle a permis la création du consortium qui est à l’origine de Monitor et réunit différents acteurs de la filière ferroviaire afin de digitaliser le secteur : RDT13 (la régie départementale des transports des Bouches-du-Rhône), Wabtec, entreprise américaine d’équipements ferroviaires, connue en France via sa filiale Faiveley, Fret SNCF.

Objectif 2026

Une fois le cahier des charges rédigé et les besoins recueillis, Wabtec développe le projet, en travaillant en interface avec Fret SNCF et le Centre d’ingénierie du matériel (CIM). En 2025, la technologie sera expérimentée sur les trains commerciaux de RDT13 et de Rail Logistics Europe.

L’objectif est, en 2026, de sortir un produit prêt à être fabriqué à l’échelle industrielle, soit niveau d'innovation 7 sur l’échelle TRL (Technology Readiness Levels), utilisée pour indiquer le niveau de maturité technologique d’un produit ; le niveau 8 correspondant à l’industrialisation.

Le calendrier en détail