
Des robots et des hommes
La mission du groupe « Robot & Humain » de la Direction Technologies, Innovation et Projets Groupe de la SNCF est d’encourager le développement de robots pour le secteur ferroviaire et faciliter leur mise en production.
Des robots déneigeurs, des robots nettoyeurs, des robots réparateurs… Le ferroviaire est un terrain de jeu fertile pour l’accueil de machines intelligentes au service des voyageurs et des agents. « Si des objets connectés peuvent aider à mieux surveiller nos trains et notre réseau et les algorithmes à faciliter la prise de décision, les robots sont les seuls à pouvoir nous seconder dans la dernière étape qui est celle de l’action », rappelle Louis-Romain Joly, le responsable du groupe « Robot & Humain » de la Direction Technologies, Innovation & Projets Groupe de la SNCF.
Des gains pour nos clients et les agents
En cas de problème technique dans un tunnel, il faut envoyer un agent de maintenance pour identifier la cause du problème. Un diagnostic initial synonyme de circulation perturbée. Demain, le recours systématique à un robot-inspecteur de tunnel pourrait diminuer la durée de cette opération de 2 heures à 30 minutes.
Un progrès majeur, notamment en heures de pointe. Sans compter qu’une machine capable de se rendre en totale autonomie sur la zone de l’incident évite aux agents d’être exposés à l’environnement agressif d’un tunnel : humidité, déchets de toute nature, pollution.
Un exosquelette dans les technicentres
En plus de recourir aux robots, le Groupe SNCF mise également sur le développement des exosquelettes. Yonnel Giovanelli, responsable du pôle ergonomie de la direction du Matériel, a ainsi co-développé un prototype pour nos ateliers. Ce concentré de technologies soulage nos agents au quotidien en leur évitant le port de charges lourdes et les postures pénibles.
Un robot, des briques technologiques
« Attention, nous ne sommes pas là pour fabriquer des robots, mais souhaitons faire comprendre au monde de la robotique l’intérêt à en développer dans le ferroviaire », précise Louis-Romain Joly.
Chaque robot est constitué de briques technologiques : programmes, capteurs et autres constituants. Un « middleware » les fait fonctionner de concert. Cet « interlogiciel » évite de devoir recoder les différentes fonctions intégralement à chaque nouveau robot.
Robotique et diplomatie
Dès lors, plus le nombre d’acteurs du ferroviaire adoptant le même middleware est élevé, plus il est rentable pour un roboticien de développer les briques supportant ce middleware. Ainsi, dès sa prise de fonction, Louis-Romain Joly a décroché son téléphone pour convaincre ses homologues allemand, italien, norvégien, suédois ou anglais. Une activité « diplomatique » encouragée par le programme européen « Europe’s Rail » qui vise, entre autres, à développer la robotique ferroviaire au sein de l’Union européenne.
Un double défi
L’équipe de Louis-Romain Joly mène un double défi :
- maîtriser suffisamment la technologie pour instaurer un dialogue de qualité avec les roboticiens
- les inciter à développer les briques pour l’assemblage de robots.
Tout cela en réalisant des tests et des prototypes à même de faire émerger les robots ferroviaires du futur : désherbeur de voies, contrôleur de caténaire, déneigeur de quais, inspecteurs de voies, désinfecteur de trains…
Une fois les briques développées, un marketplace, comparable à Google Play ou à App Store, permettrait de bénéficier de la massification.
Trois questions à Louis-Romain Joly
Le robot remplacera-t-il le cheminot ?
Le robot ne reste qu’un outil. De même qu’il est plus facile de planter un clou avec un marteau qu’avec la main, il sera plus aisé pour un agent de remplacer une semelle de frein de 10 kilos à l’aide d’un robot. Dans le ferroviaire, nous voulons développer des robots qui permettent de concilier performance et bien-être au travail. D’autres secteurs ont fait le choix du seul productivisme. Ce n’est pas le nôtre.
À quand des robots pour les clients ?
Dès que l’opportunité se présentera, nous étendrons notre activité à la robotique de service aux clients dans les gares ou à bord des trains. On évoque, par exemple, un robot de déneigement des quais. La densité de population en gare et la diversité des publics auxquels ces robots seront soumis les rendent plus complexes à mettre en place. Cela nécessite, en outre, des compétences techniques assez différentes.
Quels sont les projets en cours ?
Dans le cadre du programme « Europe’s Rail », nous allons travailler sur un robot d’inspection multifonctions pour l’infrastructure et également, un robot de désinfection pour l’espace voyageurs des trains, voire éventuellement les petites gares.
Nos partenaires
- partenaires internes : Transilien, Fret et SNCF Réseau
- partenaires externes : euroDAO, Génération Robots, WPWEB…
- partenaires académiques : la chaire « Robotics by Design Lab » au côté de Strate Ecole de Design, du CESI, et d’autres industriels
- projets de recherche européens : Europe's Rail, ESMERA…
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