Dans le « bunker » de la gare de l’Est
Les souterrains de la gare parisienne cachent un lieu méconnu du grand public… Un abri étanche construit en avril 1939, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Découvrez les secrets de cet endroit oublié durant des années.
Un abri confidentiel et préservé
Un abri étanche dans une France traumatisée par les gaz
On y accède par une trappe fermée à clé, placée sur l’une des voies de la gare de l’Est à Paris. Après une volée de marches, le visiteur arrive à une porte complètement étanche, qui débouche sur un espace puis une deuxième porte du même acabit. Il s’agit d’un sas de décontamination. En effet, cette installation secrète d’une superficie de 110 m2 a été spécialement construite pour faire face aux attaques aériennes, notamment aux gaz, qui ont sévi pendant la Première Guerre mondiale et fortement marqué les pouvoirs publics.

11
pièces composent l’abri, 2 pour le commandement et 4 pour la régulation des trains

50
personnes pouvaient y survivre pendant 10h grâce à la filtration de l’air

70
régulateurs du trafic ferroviaire pouvaient s’y abriter

Une ventilation assurée par… des mollets !
Le lieu a été conçu pour abriter 70 régulateurs devant assurer l’exploitation du réseau et la circulation des trains dans l’est de la France en cas d’attaque. Un ingénieux dispositif de bicyclettes sert notamment à fournir une énergie d’appoint en matière de ventilation et de filtrage de l’air dans l’abri pour se prémunir d’éventuels gaz toxiques. Quelques coups de pédale suffisent ainsi à actionner la soufflerie.
La chance de ce bunker, c’est d’avoir été oublié complètement
Historien spécialiste du ferroviaire

Un état de conservation exceptionnel
L’abri était accessible aux militaires et aux cheminots mis à disposition du commandement en temps de guerre. Sous l’Occupation, les chemins de fer passent sous l’ordre de la direction militaire allemande des transports en zone occupée. Si des inscriptions en allemand laissent à penser que les occupants l’avaient préparé pour leur usage, l’état parfait des installations et l’absence de témoignage laisse planer le doute sur le fait que le « bunker » de la gare de l’Est ait servi un jour. Le démantèlement de sites semblables dans les gares de Paris-Lyon, Paris-Nord et Paris-Saint-Lazare font de cet abri un lieu unique à forte valeur patrimoniale. Quelque 200 chanceux avaient pu le visiter lors des Journées européennes du patrimoine, en 2019.
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