Carine Pochon, 1ʳᵉ conductrice de TGV en Région Sud
Fille, petite-fille et nièce de cheminots, Carine Pochon est la première conductrice de TGV de la Région Sud. Elle partage avec nous sa passion pour son métier et invite les femmes à se poser cette question simple : « pourquoi pas moi ? ».
Comment êtes-vous devenue conductrice ?
Entrée à la SNCF comme agent mouvement à la gare d’Aix-en-Provence, j’ai eu envie de faire autre chose. J’ai suivi la formation et j’ai réussi l’examen en 2002. Puis je me suis fixé un nouvel objectif, et, en 2019, j'ai décroché le constat TGV1 !
Qu’est-ce-qui vous plaît le plus dans ce métier ?
Bouger ! C’est un métier où il n’y a pas de routine. On voit tous les jours des personnes différentes, on ne tombe jamais sur les mêmes collègues. C’est un métier gratifiant : on emmène les gens au travail, en vacances. C’est aussi un métier à responsabilité : on a un réel pouvoir de décision lors de situations délicates.
Comment vivez-vous les horaires décalés ?
On me parle souvent des horaires décalés comme d’un inconvénient du métier de conducteur ou conductrice. Mais en fait, moi, j’ai toujours travaillé ainsi, même quand je n’étais pas à la traction. À vrai dire, j’aime plutôt ce mode de vie. Je suis à temps partiel depuis la naissance de mon fils, il y a 11 ans. Concrètement, je travaille du vendredi au lundi et suis de repos le mardi, le mercredi et le jeudi, donc je peux accompagner et aller chercher mon garçon à l’école en semaine, l’emmener à ses activités… Et j’ai aussi du temps pour moi en journée !
Pourquoi ces métiers attirent-ils peu de femmes ?
Sans doute que peu de femmes se sont imaginées, petites filles, qu’elles allaient être chauffeur routier ou conductrice de trains. Elles se sont plutôt projetées dans le médical, l’enseignement ou le commercial… Sinon, peut-être que certaines se disent que le métier est trop contraignant, notamment à cause des horaires décalés. Mais bon, tous les boulots ont leurs contraintes. Mais dès lors qu’on sort des horaires classiques de bureau, il vaut mieux avoir un conjoint qui assure, c’est certain.
Qu’est-ce-qui vous a mis le pied à l’étrier ?
Le fait d’avoir eu des conducteurs dans ma famille, même si c’était des hommes, m’a permis d’avoir très tôt une image réaliste de ce métier. Cela fait 18 ans que je conduis et je ne me suis jamais posé la question de savoir si j’étais une exception en tant que femme conductrice. À la traction, vous êtes considérée par les collègues à partir du moment où vous faites bien le travail.
Comment encourager les femmes à faire ces métiers ?
À une femme qui pense que tel ou tel métier n’est pas fait pour elle, je veux dire qu’il ne faut se mettre aucune barrière a priori. Ça vaut toujours le coup de se dire « pourquoi pas ? » et de s’intéresser à un métier, même si on ne s’imaginait pas le faire au départ. En plus, nous avons la chance d’être dans une entreprise où il est possible de se former, de passer des examens et de faire ses preuves sur le terrain. Il faut en profiter !
Et pourquoi devenir conductrice de TGV ?
C’est un boulot vraiment sympa, qui apporte beaucoup de satisfactions, de fierté et d’émotions. La première fois que vous êtes seule aux commandes d’un train à 300 km/h avec 1000 personnes sous votre responsabilité, c’est quelque chose. Pour moi, c’est assez nouveau, puisque j’ai mon constat TGV1 depuis seulement quelques mois, mais je pense que cet effet « whaou » va durer.