1917 Cheminotes

Les cheminotes, histoire d’une conquête

Depuis plusieurs décennies, nous menons une politique volontariste en faveur de la mixité et de l’égalité professionnelle. Aujourd’hui, les femmes représentent 20% de nos effectifs. Petite histoire de la lente féminisation des métiers du rail.

Une évolution à l’image du reste de la société

En 1866, 7,4% seulement des employés des compagnies ferroviaires, ancêtres de SNCF, étaient des femmes. Plus d’un siècle et demi après, elles occupent des postes dans toutes les filières et à tous les niveaux hiérarchiques. Plonger dans l’histoire de l’évolution de la place des femmes dans les chemins de fer donne une idée du chemin parcouru.

Éviter tout désordre dans les bonnes moeurs

Au 19e siècle, le travail féminin est mal vu : les ouvriers craignent la concurrence et les bourgeoises tiennent à être valorisées en tant que ménagères et éducatrices. Il s’agit aussi de ne pas compromettre la morale en réunissant des hommes et des femmes dans des locaux communs. 
Avec le développement du chemin de fer, les besoins en main d’œuvre vont augmenter. Les 1ères femmes employées par les compagnies sont des veuves d’agents sans ressources. Les directeurs leur offrent du travail, faisant ainsi des économies substantielles, le personnel féminin étant alors sous-payé.

Garde-barrière, le premier emploi féminin

La plus emblématique des professions ouvertes aux femmes est celle de garde-barrière. Confié, à l’époque, aux épouses des poseurs chargés d’entretenir les voies, ce métier consiste à soit fermer les barrières d’un passage à niveau pour empêcher les véhicules de traverser à l’approche des trains, soit les ouvrir. Depuis, les femmes garde-barrières sont entrées dans la mythologie grâce au cinéma et à la littérature.

La révolution industrielle, une aubaine

Avec l’arrivée des femmes, les compagnies découvrent qu’elles font une excellente affaire ; efficaces et sérieuses, elles ne boivent pas d’alcool et sont aussi résistantes physiquement que les hommes. Si les femmes accèdent à de plus en plus de métiers, elles occupent surtout des fonctions liées à la propreté ou aux tâches administratives comme les travaux de caisses et de bureaux. Elles sont aussi « receveuses de billets » (délivrance et comptabilité des billets), « factrices aux écritures » ou « bibliothécaires » (vendeuses de livres et de journaux).

Des guerres qui changent la donne

Les deux guerres mondiales, en privant les compagnies de leurs hommes, feront bondir les effectifs avant de rechuter dès les conflits terminés. Elles ouvrent cependant un chemin dans les mentalités.

Après la Seconde Guerre mondiale, les transformations sont profondes dans l’esprit féminin comme dans celui des gouvernants. La Constitution du 27 octobre 1946 garantit enfin aux femmes des droits égaux à ceux des hommes. Avec le droit de vote, les femmes acquièrent un nouveau statut civil et politique. Mais ce n’est qu’à l’aube des années 1960 que l’activité féminine explose.

La lutte contre les disparités continue

Au sein de SNCF, le cœur du système ferroviaire, le monde de la traction et de l’exploitation, des dépôts, des cabines d’aiguillage, et les postes de haute responsabilité s’ouvrent aux femmes vers la fin du 20e siècle. Encore aujourd’hui, le taux de féminisation masque de vraies disparités : les femmes sont surreprésentées dans les métiers commerciaux et les fonctions transverses et restent sous-représentées dans les métiers de conduite ou à la SUGE (sûreté ferroviaire).

SNCF Mixité

En 2012, le réseau SNCF Mixité a été créé afin de promouvoir la mixité et le recrutement dans les domaines techniques et combler les disparités. Premier réseau féminin d’entreprise en France, il compte, en 2019, 7500 membres. Du 11 au 28 juin 2019, il est parti à la rencontre des salariés SNCF à bord d’un train expo consacré à la mixité des métiers et à la lutte contre le sexisme.

Parmi nos pionnières…

Au sein de SNCF, tout au long de ces décennies, nombreuses furent les pionnières qui ont su mettre un pied dans la porte, ouvrir la voie jusqu’à parfois, briser le fameux plafond de verre en accédant à des hauts postes hiérarchiques. Si la plupart restent méconnues, d’autres ont vu leur noms devenir indissociables de l’histoire de notre groupe ferroviaire. Parmi elles, nous pouvons citer :

Blanche Le Thessier, 1ʳᵉ cadre supérieure

Née en 1897, elle est centralienne, ingénieure des Arts et Manufactures et licenciée ès sciences et en droit. À sa retraite en 1953, elle est ingénieure en chef à la Division des Études de voitures et wagons, et la seule femme fonctionnaire supérieure de SNCF.

Conductrice Sylvie Guedeville

Sylvie Guedeville, 1ʳᵉ conductrice de TGV

En 1976, Valéry Giscard d’Estaing, président de la République, autorise les femmes à accéder au travail en 3 X 8. Sylvie Guedeville devient l’une des deux 1res  femmes aide-conducteur en 1983. En 2004, elle devient la 1re  conductrice d’un TGV.

Mireille Faugère

Mireille Faugère, 1ʳᵉ directrice d’une grande gare

En 1991, Mireille Faugère est nommée directrice de la gare Montparnasse, 1re femme à accéder à cette responsabilité. Elle est également à l’origine de voyages-sncf.com, lancé en juin 2000 et devenu en quelques mois un leader du e-commerce en France.

Anne-Marie Idrac

Anne-Marie Idrac, 1ʳᵉ présidente de SNCF

En 2006, Anne-Marie Idrac devient la 1re présidente de SNCF et la 1re vice-présidente de l’Union internationale des chemins de fer (UIC). Son mandat est marqué par la réforme du régime spécial de retraite et la mise en place du service minimum.