
Faune sauvage près des voies : comment SNCF s’adapte ?
La présence d’animaux près des voies ferrées a des conséquences sur les circulations des trains et leur sécurité. En cas de présence d’animaux avérée, par mesure de sécurité, les conducteurs doivent réduire leur vitesse afin d’éviter toute collision. Pour empêcher ces situations, la SNCF met en place des solutions adaptées.
Première étape : inspecter la rame
Lorsqu’un train heurte un sanglier ou un autre animal, le trafic est interrompu dans le secteur concerné. Le conducteur s’arrête pour inspecter l’état du train.
Si le train a subi des dégâts mineurs, l’animal est retiré des voies et le train peut repartir en toute sécurité.
Si le train est trop endommagé, des équipes spécialisées interviennent. En effet, l’impact peut détériorer des éléments essentiels à la sécurité situés à l’avant du train, comme le système de freinage.
Ces vérifications et réparations prennent du temps : soit le train est en retard, soit les voyageurs sont invités à changer de train pour terminer leur trajet.
Quels sont les dispositifs déployés par les différentes parties prenantes ?
Renforcer les matériels
Le cahier des charges des motrices de trains a été modifié pour avoir des pièces en plusieurs parties permettant d’être analysées et démontées rapidement par le conducteur. Les pièces avant sont renforcées afin de limiter l’impact d’un choc et faciliter la réparation et la remise en service aussi rapidement que possible.
Intercités a par exemple équipé les locomotives BB26000 de « pare-chocs » pour protéger les systèmes de freinage situés sur l’avant des locomotives. En effet, en cas de choc, l’atteinte des dispositifs de freinage peut conduire à une immobilisation longue en ligne et donc d’importants retards.
Aménager les infrastructures
Les animaux sauvages ont besoin de circuler librement pour répondre à leurs besoins fondamentaux. Les agents de SNCF Réseau se mobilisent pour réduire les risques de collisions au moment du passage des trains. Pour les infrastructures nouvelles, les études environnementales permettent d’identifier les zones de passage et les aménagements adaptés à réaliser, par exemple, des ouvrages de franchissement spécifiques pour les animaux.
Pour les lignes à grande vitesse
- entretien régulier et renforcement des clôtures chaque fois que nécessaire (clôtures soulevées, coupées, arrachées)
- déploiement d’agents spécialisés, les régulateurs faune, assurant la surveillance et la gestion des animaux qui réussissent, malgré nos efforts, à s’introduire dans les emprises
- mise en place de dispositifs pour aider les animaux à sortir librement des emprises clôturées (Faun’trap, sanglipass)
Pour les lignes classiques :
- entretien régulier et renforcé des zones de végétation dense qui sont des refuges pour la grande faune sur nos emprises
- poursuite des études permettant d’identifier les zones à enjeux et les solutions les plus pertinentes à mettre en place
- aménagements adaptés à la faune des passages inférieurs ou supérieurs existants lorsque ceux-ci sont positionnés dans des secteurs à enjeux (mise en place de substrat, de bandes enherbées, de plantations et de clôtures pour guider les animaux vers ces passages plus sécurisés)
- limitation des accès de la faune aux zones les plus risquées pour elle (exemple dans les zones de forts déblais ou les secteurs de tranchées rocheuses) par des installations de type « Strail Grid »
- pose de clôtures dans certains secteurs très accidentogènes
- conduite d’expérimentations d’effarouchement sonore.
Zoom sur l’effarouchement sonore
La direction Innovation & Recherche a récemment lancé un programme de tests grandeur nature portant sur l’effarouchement acoustique. L’objectif ? Parvenir à créer un son alertant les animaux et les poussant à s’éloigner des voies, « un bruit biomimétique qui synthétise tous les bruits d’alerte des grands mammifères, les effraie sans les prostrer et déclenche leur fuite à coup sûr » précise la chef de projet Claire Chaufour.
Une fois l’ensemble des expérimentations effectuées, et si ces dernières s’avèrent concluantes, l’emploi du son serait ensuite industrialisé. « Selon le niveau de présence des animaux et le contexte local, et notamment la présence de riverains, il pourra alors être diffusé depuis le train ou depuis un émetteur installé sur les voies » conclut Claire Chaufour.
Sensibiliser et communiquer avec les parties prenantes dans les territoires
Un dialogue renforcé
La SNCF dialogue avec la profession agricole, les fédérations des chasseurs, les propriétaires de terrain riverains et les autorités administratives pour faire face à l’augmentation des densités de populations de faune sauvage. Les espèces ciblées sont principalement : les sangliers, les chevreuils et les animaux fouisseurs qui peuvent déstabiliser la plateforme ferroviaire en creusant des galeries souterraines.
Des drones pour localiser les sangliers en Normandie
Dans l'Eure, face aux nombreuses collisions de trains avec des sangliers, enjeu majeur pour la sécurité ferroviaire, une solution innovante a été mise en place. SNCF Réseau collabore avec les chasseurs normands, munis de drones à camera thermique pour détecter les points de chaleur et identifier les zones de passage des animaux. Ils transmettent ainsi ces informations aux équipes de SNCF Réseau qui mettent en place des petites grilles amovibles permettant aux ongulés de traverser les voies.
Un travail de sensibilisation constant
C’est un travail de longue haleine : sur les secteurs identifiés le plus à risques, les agents SNCF sensibilisent les propriétaires et riverains aux consignes de sécurité, aux risques et sanctions encourues en cas de divagations sur les emprises. On parle ici aussi bien des chasseurs, des chiens et autres animaux domestiques mais également des animaux d’élevage.
Sur le terrain avec un régulateur faune sauvage
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