
Innovation : avec le CORIFER, une feuille de route sur 7 ans
« Trait d’union » entre l’État et les acteurs de la filière ferroviaire, le Comité d’orientation de la recherche et de l'innovation de la filière ferroviaire (CORIFER) entend accélérer les cycles d’innovation pour faire du train LA solution de transport collectif décarbonée et performante du futur.
Une feuille de route, 4 axes
Le Comité d’orientation de la recherche et de l’innovation de la filière ferroviaire (CORIFER) a été lancé le 14 novembre 2022, à l’occasion du 1er comité de pilotage ministériel « Transports » du plan France 2030. Le CORIFER a adopté la feuille de route R&D de la filière ferroviaire, pour la période 2023-2030, constituée autour de 4 axes thématiques : infrastructure et industrie du futur, mobilité inclusive, trains zéro carbone et trains intelligents. L’instance entend ainsi rassembler les acteurs industriels autour de projets structurants et innovants, afin de renforcer les atouts industriels du ferroviaire.

Structurer, accélérer et transformer la filière
Sa présidente, Carole Desnost, également membre du COMEX SNCF et Vice-Présidente Technologies, Innovation et Projets Groupe de la SNCF, nous explique comment cette instance va permettre de structurer la filière pour accélérer sa transformation, améliorer la qualité de service et la compétitivité du ferroviaire, et ainsi accélérer le report modal vers le train.
Quelle est la vocation du CORIFER ?
Carole Desnost : Le CORIFER, c’est d’abord une reconnaissance de la part de l’État, celle de dire : « on a besoin du ferroviaire » et de demander aux acteurs de la filière : « comment voyez-vous son évolution ? Où sont vos priorités ? Quel est votre plan d'action pour y arriver ? ». Le CORIFER est donc un trait d’union entre l’État et la filière industrielle ferroviaire. Une instance pour rassembler toutes les idées d'innovation, mutualiser les efforts et définir les projets qui permettront de développer une mobilité plus inclusive, décarbonée, fiable et au service de tous, en cohérence avec les attendus de l'État. Ce travail de collaboration avait d’ailleurs déjà été entamé par les acteurs de la filière au cours du PIA41. Notre ambition à présent est d’accélérer ces cycles d’innovation afin d’aller plus vite du prototype à l’industrialisation et ainsi développer une mobilité collective, sobre, souveraine et résiliente, à prix abordables dans les villes comme dans les régions.
Comment le comité s’organise-t-il ?
C.D. : En regroupant tous les acteurs de la filière ferroviaire autour d’appels à manifestation d’intérêt2 (AMI, ndr) : les opérateurs, les gestionnaires d'infrastructures, les collectivités locales, les organismes de recherche publics-privés, des représentants de pôles de compétitivité… pour avoir un ferroviaire plus capacitaire, digitalisé et qui offre plus de trains avec une meilleure connexion aux autres mobilités.
Quatre grands thèmes ont été retenus pour notre feuille de route 2023-2030 :
- Infrastructure et industrie du futur : pour soutenir le développement des nouveaux systèmes ferroviaires grâce à des filières françaises fortes et des technologies performantes et écologiques
- Mobilité inclusive : afin de faire du train le choix n°1 des voyageurs sur tous les territoires, en étant plus flexible, accessible et connecté
- Trains zéro carbone : pour que le secteur ferroviaire soit le cœur d’une mobilité multimodale, durable, décarbonée, résiliente et sobre
- Trains intelligents : afin d’accélérer le développement et le déploiement des systèmes digitaux embarqués qui amélioreront l’efficacité du transport des personnes et des marchandises.
Sur quoi cette feuille de route doit-elle aboutir ?
C.D. : Entre autres, à l’accélération de notre transformation digitale, industrielle, pour pouvoir mettre plus de trains sur les infrastructures existantes, c’est ce que nous voulons jouer dans le cadre de France 2030. On a la chance de disposer d’un « asset » : le réseau ferré. En tablant sur les nouvelles technologies du ferroviaire, telles que la signalisation digitale (ERTMS, ndr), le train autonome ou les nouveaux centres de gestion des circulations, on peut faire circuler davantage de trains.
Mais cette approche ne doit pas être que capacitaire. Nous développons une solution innovante pour chaque territoire : les trains légers en zone rurale, par exemple, le doublement du trafic en ville, ou encore offrir un réseau de transport adapté aux besoins des habitants des grandes agglomérations avec le développement des « Services Express Régionaux et Métropolitains ». Tout cela entraîne des changements industriels qui devront être accompagnés pour atteindre la mobilité décarbonée que chacun appelle de ses vœux. Et si on veut aller vite, dans un contexte où les ressources sont limitées, il faut mutualiser nos efforts.

Cela s’articule-t-il à l’échelle européenne ?
C.D. : La recherche européenne pour le ferroviaire se structure déjà dans un « extra CORIFER » baptisé Europe’s Rail qui a succédé à Shift2Rail3 pour faire progresser la recherche ferroviaire et accélérer la mise en place de technologies innovantes et de solutions opérationnelles. C’est le cas, par exemple, avec les travaux autour du train digitalisé que nous allons poursuivre à partir de cette année au sein d’un projet destiné à porter des résultats au niveau européen et ainsi accélérer la mise en œuvre d’automatismes dans le ferroviaire. La France est un pays dont l’expertise ferroviaire est reconnue et notre rôle dans le programme ERJU est important.

Comment notre Groupe prend part à la démarche ?
C.D. : La SNCF agit en chef d’orchestre, animateur d’une filière experte, à la manière de ce qui avait été fait durant deux ans dans le PIA4. Par notre connaissance du réseau, du matériel, des clients et notre approche territoriale, nous avons la capacité d’anticiper ou de mieux identifier les projets à instruire en premier en fonction des besoins, et ce, toujours dans le but d’aller plus vite sur les cycles d'innovation. Nous avons ces dernières années mis en œuvre deux laboratoires d’innovation : Tech4Rail sur le système ferroviaire, et Tech4Mobility pour tout ce qui concerne les mobilités émergentes. C'est plus que jamais le moment d'innover dans le ferroviaire, et définissant des axes clairs avec l’ensemble de la filière, on a plus de facilité à embarquer les industriels, pour lesquels le marché devient visible avec des perspectives à long terme.
Retour sur l’AMI CORIFER 2023
Lancé au printemps 2023, l’Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) CORIFER 2023 a concrétisé la nouvelle feuille de route R&D de la filière ferroviaire autour de quatre axes :
- les trains à très faible impact environnemental
- une mobilité du quotidien performante et inclusive
- la numérisation du transport ferroviaire pour les véhicules, l’infrastructure et l’industrie
- l’accélération du fret ferroviaire
Au terme des différentes relèves, 22 dossiers ont été déposés dans le cadre de l’AMI CORIFER par le groupe SNCF avec ses partenaires industriels et académiques.
France 2030, un accélérateur d’innovation
Le plan France 2030 intègre les programmes d’investissement d’avenir (PIA) avec l’ambition de transformer durablement des secteurs clefs de l’économie par l’innovation technologique et industrielle. Ce plan s’élève à 54 milliards d’euros tous secteurs confondus et aide financièrement les projets à hauteur de 25 à 50% de leurs coûts. Dans le ferroviaire, leur émergence passe par le CORIFER.