5 700 km de petites lignes, majoritairement à voie unique, sont aujourd’hui inexploités sur le réseau ferré national. Pensé pour les lignes ou tronçons de lignes de 30 km comptant au moins 5 gares et un potentiel moyen de 300 à 500 voyageurs quotidiens, le système FLEXY entend faciliter leur réouverture et offrir une solution de mobilité collective décarbonée alternative à la voiture individuelle, en particulier dans les territoires périurbains et ruraux. 

Soutenu par les régions Bretagne et Bourgogne-Franche-Comté et fruit d’un partenariat industriel entre la SNCF, Michelin, Milla Group et l’institut de recherche Railenium, ce système innovant doit être commercialisé en 2027 et repose sur quatre éléments :

• une navette rail-route électrique baptisée CARFLEX
• une infrastructure et une maintenance allégées
• un système d’exploitation et une supervision adaptés
• un cadre réglementaire spécifique

La principale innovation de ce véhicule repose sur sa capacité à passer des rails à la route grâce à un système de roues double fonction rail et route. « Ces roues permettent à la fois d’assurer la desserte routière des communes situées à proximité de la voie ferrée, de franchir les passages à niveau transformés en carrefours routiers et de densifier la desserte avec la création de zones de croisement », détaille Nathalie Peignet, Cheffe de projet FLEXY.

D’une capacité maximale de 14 places assises et accessibles aux personnes à mobilité réduite, la navette CARFLEX dispose également d’un aménagement modulable afin de proposer, selon les besoins, l’emport de vélos et des solutions de micro-fret.

Il existe trois types de plateformes intelligentes et frugales :

• la plateforme d’insertion permet à la navette de s’insérer de la route vers le rail et vice-versa
• la plateforme de carrefour permet à la CARFLEX de traverser en mode routier les anciens passages à niveau transformés en intersections routières
• la plateforme de croisement permettent à deux navettes de se croiser pour assurer un haut niveau de fréquence de l’offre sur ces voies uniques

Les coûts de maintenance de l’infrastructure sont sensiblement réduits puisque les lignes FLEXY ne comptent plus de passages à niveau et d’aiguillages ; les seuls équipements sont des stations et des quais légers à l’usage des voyageurs.

Le projet intègre un système de supervision digitalisé qui gère les principaux risques ferroviaires tels que le rattrapage, le nez à nez et la détection des obstacles. L’enraillement des roues sur la plateforme d'insertion sera automatisé pour assurer la sécurité de l’opération et garantir une vitesse nominale pendant la séquence d’insertion de la navette sur les rails.

Les navettes sont conçues pour circuler à une vitesse d’au moins 70 km/h sur rail et 80 km/h sur route (dans le respect bien sûr des limitations de vitesse en vigueur). Ces performances contribuent à faire de FLEXY un moyen de transport compétitif par rapport à l’autocar ou la voiture individuelle. Par ailleurs, les lignes ferrées offrent un tracé plus rectiligne que les routes et ne connaissent pas les contraintes de la circulation routière.

À mi-chemin entre le ferroviaire et le routier, le système FLEXY intègre les contraintes du rail et de la route et nécessite donc la mise en place d’un cadre réglementaire spécifique pour pouvoir circuler sur les voies ferrées. C’est tout l’objet des discussions en cours avec le Service Technique des Remontées Mécaniques et des Transports Guidés (STRMTG) ainsi que l’Etablissement Public de Sécurité Ferroviaire (EPSF).

Les lignes sur lesquelles sont appelées à circuler les navettes CARFLEX sont dédiées et n'accueillent aucun autre type de matériel roulant ferroviaire. Ces navettes disposent d’une assistance à la conduite pour superviser les croisements et le franchissement des intersections avec la route. Une démonstration de sécurité du système est prévue pour son autorisation par les autorités nationales en 2026.

C’est sur un tronçon de ligne fermée en Bretagne, entre Rosporden et Concarneau, que l’équipe Tech4Mobility, accompagnée du Centre d’Ingénierie du Matériel, de SFERIS (filiale de SNCF Réseau), de l’Agence d’Essai Ferroviaire et des partenaires du projet (Milla Group, Michelin et Railenium), a mené en juillet puis en octobre 2023 deux campagnes d’essais avec un « mulet² » du système de navette rail-route. Objectif ? Dérisquer les roues double fonction, et faire des essais d’insertion sur les plateformes de transition rail-route.